samedi, octobre 07, 2006

La Sixième guerre. Une guerre à somme nulle

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La sixième guerre
Guerre à somme nulle

Mohamed Abdel AZIM

Cette guerre a eu un impact majeur sur le plan régional. D’abord l’effet néfaste de cette guerre sur la dissuasion israélienne dans la région. En deuxième lieu les profits que le Hezbollah attendait, il a pu les relever. En troisième lieu, le renforcement du rôle de Téhéran dans la sécurité régionale est manifeste. Cette guerre a accéléré l’affaiblissement des régimes arabes modérés dont l’ةgypte en est l’exemple et marque le début de l’affaiblissement de l’influence américaine dans la région. Ce constat fait surgir un possible retour des Russes dans la gestion des crises au Moyen-Orient.


Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a exclu, le 28 septembre 2006, une nouvelle confrontation entre le Hezbollah et Israël dans l'immédiat, exigeant néanmoins des garanties pour achever son retrait du Liban. "Les chances pour que le Hezbollah se laisse entraîner à court terme à une confrontation militaire globale comme celle que nous avons connue cet été sont des plus faibles", affirme M. Olmert dans une interview à la radio publique. "La réalité a changé et le Hezbollah le sait parfaitement", ajoute le Premier ministre. "Mais je n'exclus pas la possibilité que les Iraniens et dans une certaine mesure les Syriens s'efforcent de manipuler le Hezbollah (...) nous devons nous attendre à être testés", a-t-il toutefois poursuivi.


Cette sixième guerre que mène l’ةtat hébreu, s’est terminé sans vainqueur ni vaincu. Elle marquera le point de départ d’un changement dans l’environnement régional et les rapports avec les groupes armés au Moyen-Orient.

Ce conflit aura un impact sur l’équilibre fragile des forces dans la région car elle modifiera non seulement les rapports avec les groupes armés au Liban en Irak et en Palestine, voire ailleurs, mais aussi aura un impact sur les régimes modérés dans le monde arabe comme c’est le cas en Egypte.

« C’est une guerre à somme nulle », écrit le JCSS. (1) Les paradoxes de cette guerre sont multiples. Au lieu d’être une guerre courte et rapide, elle s’est installée dans la durée et a altéré l’image puissante du Tsahal. Les forces israélienne sont alors confrontées au défi des milices chiites.


Cette puissance se trouve impuissante face à quelques combattants du Hezbollah et la grosse machine de guerre israélienne n’a pas pu écraser ce petit groupe d’une armée de l’ombre. Au lieu de renforcer la puissance israélienne, cette guerre a créé une fissure dans le solide mythe de Tsahal.


Elle fait ainsi surgir l’évidence de l’érosion de la dissuasion israélienne. Nous assistons pour la première fois au fait que la doctrine de la dissuasion israélienne est brisée par le défi d’un groupe armé et non pas par une armée régulière. L’image de Tsahal est alors affaiblie et les forces israéliennes sont montrées du doigt par les populations israéliennes.
Malgré ses lourdes conséquences, l'offensive terrestre au Liban était, selon M. Olmert, « inévitable ». Reconnaissant pour la première fois les « échecs » d'Israël dans la guerre au Liban, Ehoud Olmert déclare : « Nous n'étions pas préparés comme nous aurions dû l'être. Nous n'avons pas toujours obtenu les résultats escomptés.


Il y a eu des manquements, voire des échecs. Même si le bilan général est positif, nous ne devons pas masquer ces défaillances », déclare le Premier ministre. Il souligne que « la guerre n'est pas totalement finie et que les menaces peuvent reprendre ». Visant plus particulièrement l'Iran, qui soutient le Hezbollah libanais. M. Olmert ajoute : « Nous devons nous préparer à la menace que représente l'Iran et son président, qui est un ennemi haineux d'Israël ».
Le conflit éclate le 12 juillet et le 11 août 2006, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte, sa 1701ème résolution. ةlaborée par Paris et Washington, cette résolution appelle à un cessez-le-feu au Liban sud (2).


Le Premier ministre israélien Ehud Olmert ordonne à l'armée, le jour même de la résolution de l’ONU, de lancer une offensive terrestre en profondeur au Liban. Israël met fin à son offensive, contre les milices de Hezbollah, le 14 août au matin. Cette deuxième guerre de Tsahal au Liban est la sixième qui l’implique dans une guerre directe contre l’un des pays voisins.


«Aucune armée au monde n'aurait pu désarmer le Hezbollah avec seulement des moyens militaires. Nous savions qu'un effort parallèle serait nécessaire sur le plan diplomatique», explique Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères. « Nous avons fini plus ou moins vainqueurs sur le plan politique et militaire », déclare Shimon Pérès. Le tout est dans le « plus ou moins » de l’ancien Premier ministre Shimon Pérès. Du point de vue gains et pertes, le moins sera du côté des Israéliens, des Américains et des régimes arabes modérés, tandis que le plus sera du côté du Hezbollah, des Iraniens et des Russes.


Tsahal a mené 34 jours d’opérations et une offensive terrestre au Liban sud, sans vraiment mettre fin aux 3500 Katiouchas tirés par les combattants de Hezbollah. L’ennemi de Tsahal, qui a pu tirer sur les populations jusqu'à Haïfa, la troisième ville du pays, et qui a fait des victimes, a pu toucher des navires israéliens au large des côtes libanaises. Les combats contre le Hezbollah ont coûté la vie à 119 soldats et 41 civils. Une vingtaine de chars de la quatrième armée la plus puissante sur terre sont détruits. Pour la première fois depuis la guerre israélo-arabe, survenue suite à la création d’Israël en 1948, les autorités décident d'évacuer les arrières.



La ville frontalière de Kyriat Shmona, est alors quasiment vidée de ses 24.000 habitants. La tâche semblait si compliquée que le cabinet de sécurité a décidé d'élargir son offensive terrestre et de déverser des milliers de soldats au Liban sud pour tenter de prendre le contrôle d'une zone de sécurité "nettoyée" des nids de résistance chiite . Les difficultés de Tsahal au Liban sud déclenche des divisions dans la classe politique israélienne. Au sein même du gouvernement, de graves dissensions sont apparues lors du débat du cabinet de sécurité le 10 août 2006, entre d’une part les partisans d'une ligne dure soutenue par l'armée et d’autre part les plus modérés. Autre indice de malaise, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui devait se rendre à New York pour des discussions sur un cessez-le-feu, a dû y renoncer sur ordre de M. Olmert.



L'opposition de droite, qui s'était rangée derrière le gouvernement, a, un mois après le début de la guerre, repris ses attaques contre le Premier ministre Ehud Olmert, auquel elle impute les revers militaires et diplomatiques de la campagne. Dès le début de la guerre, la presse israélienne est critique, l'opinion est devenue peu à peu très sceptique et au sein même du pouvoir, les frictions apparaissent au grand jour. « Olmert doit démissionner », écrit Ari Shavit dans le quotidien Haaretz. « Il n'y a pas une seule erreur qu'Ehud Olmert n'ait commise . Il est entré avec arrogance en guerre sans en peser les conséquences. Il a suivi aveuglément les militaires (..) et après s'être précipité dans le conflit il l'a géré avec hésitation » note Ari Shavit.
Le quotidien à grand tirage Yediot Aharonot donne pour sa part un large écho aux interrogations des soldats en campagne au Liban sud. « On ne nous a fixé aucun objectif clair. Les soldats n'ont pas la moindre idée de ce qu'on attend d'eux, alors les rumeurs vont bon train. Un jour, il s'agit d'attaquer Tyr, un autre de rentrer à la maison », confie un capitaine de réserve au Yediot Aharonot. « Le plus dur, c'est l'incertitude », en référence au feu vert annoncé début août par le gouvernement, à une extension de l'offensive, qui n'a pas été suivi d'effet immédiat.

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1. Ephraim Lavie, “The Israel-Hizbullah War: A Zero-Sum Game For Everyone?” Jafee Center For Strategic Studies, N. 182, 6 août 2006.
2. http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N06/465/04/PDF/N0646504.pdf?OpenElement
3. Le 9 août 2006, la colonie de Kyriat Shmona dans le nord d’Israël, est évacuée. Lors de cette opération, le bus commence à partir mais une roquette de Hezbollah s’abat sur la zone. La panique gagne et au lieu de monter dans le bus, il faut aller dans l’abri. Dans la confusion, une femme, avec son enfant au bras, court vers l’abri. Un soldat, qui veillait à la bonne marche de l’évacuation, se dirige à son tour parmi les civils en panique vers l’abri. En arrière plan, on entend les sirènes d’alarme hurler pour inciter la population à descendre dans les abris. Quelques minutes plus tard, on s’apprête à repartir mais de nouveau une alerte et de nouveau la panique. Le cameraman court et filme l’explosion de la roquette. Les batteries anti-missiles Patriotes n’ont pas pu arrêter cette attaque et durant un mois Tsahal n’arrive pas à arrêter les attaques de la milice chiite Hezbollah. Le même jour, alors que le cabinet israélien décide d’étendre l’offensive au Liban et lorsque Tsahal commence à masser ses troupes le long de la frontière libanaise, des tires de roquettes de Hezbollah atterrissent non loin des chars provoquant un mouvement de panique.





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