mercredi, janvier 31, 2007

L'Europe et la paix entre Israël et la Syrie

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Editorial - L’Europe et la paix entre Israël et la Syrie

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Written by Mohamed Abdel Azim
Tuesday, 23 January 2007

Newropeans Magazine

ImageDes arrangements en vue d'un accord de paix entre Israël et la Syrie auraient été conclus lors d'une série de contacts secrets en Europe de septembre 2004 à juillet 2006, indique le quotidien israélien Haaretz dans son édition du 16 janvier.

La question est de savoir si ces rencontres secrètes en Europe sont les signes du début d'une vraie médiation.

Depuis bien longtemps, les rapports entre Syriens et Israéliens sont basés sur une méfiance mutuelle. Une vraie médiation européenne aidera à rétablir peu à peu la confiance entre Damas et Tel-Aviv. L’Amérique fait certes la pluie et le beau temps dans la région, mais dernièrement Washington apporte, de plus en plus d’orages et de moins en moins de beau temps. L’Europe, quant à elle, peut jouer la médiation nécessaire et primordiale pour apporter une aide politique aux deux parties.

La Syrie qui soutient les milices du Hezbollah, est l’un des 4 pays arabes limitrophes de l’Etat hébreu. Tel-Aviv a déjà signé des accords de paix avec deux de ses quatre voisins (l’Egypte et la Jordanie). C’est suite à la 4ème guerre que l’Egypte et Israël signent les premiers accords de paix à Camp David en 1979. En 1994, la Jordanie signe à son tour un accord da paix avec l’Etat hébreu. A l’heure actuelle, la Syrie réclame la restitution du plateau de Golan qu’Israël occupe depuis 1967. La conférence de paix à Madrid en 1991, ne donne pas les résultats escomptés et les accords d’Oslo entre Israéliens et Palestiniens restent lettre morte.

La dernière guerre est déclenchée lorsque le mouvement chiite libanais du Hezbollah mène son opération d’enlèvement de deux soldats au début du mois de juillet 2006. Israël répond par une intervention massive au Sud Liban. Lors de cette sixième guerre, Tsahal se trouve pour la deuxième fois impliqué dans une guerre au Liban. C’est aussi la deuxième fois dans son histoire que l’Etat hébreu se trouve confronté à une difficulté militaire. On parle même d’un échec de l’armée israélienne face à la milice chiite du Hezbollah. La première difficulté a eu lieu durant la guerre de 1973 et le résultat de cette première difficulté israélienne a aidé les Egyptiens à surmonter l’humiliation subie lors de la guerre des Six jours en 1967. On s’est alors acheminé vers les accords de paix quelques années plus tard. L’échec de Tsahal au Sud Liban peut avoir l’effet d’un accélérateur pour amorcer la paix entre Tel-Aviv et Damas.

Depuis plus de 50 ans, au lieu de concevoir la paix entre Arabes et Israéliens, c’est la course aux armements qui s’est installée. Depuis la Deuxième Guerre mondiale et depuis la création de l’Etat hébreu en 1948, chaque décennie est rythmée par un conflit armé régional. Dans les années 50, c’est suite au programme d’armement et de missiles initié par Nasser auprès de l’ex Union soviétique et de l’ex Tchécoslovaquie, que les Israéliens vont chercher à leur tour des chars et des missiles auprès de Washington. La nationalisation du canal de Suez en 1956, n’arrange pas les choses et conduit Londres et Paris à initier un plan de guerre contre l’Egypte. Israël s’implique et le Tsahal conquiert alors le Sinaï. Cette guerre est celle qui met fin à la présence des anciennes puissances coloniales (britannique et française) dans la région. Depuis, aucun véritable rôle politique de la part d’un pays européen n’est entrepris et le rôle de l’Europe se limite actuellement à une aide purement économique.

Les difficultés devant lesquelles se trouvait l’armée israélienne en 1973, mènent à une situation d’équilibre et une implication forte de la part de Washington en vue de la conception de la paix entre Israéliens et Egyptiens. La guerre de 1973, donne un peu de confiance aux Egyptiens qui arrivent à accepter l’idée de négociation et surmonter l’humiliation subie durant les précédentes guerres comme en 1948, 1956 et 1967. Sadate se rend alors en Israël en 1978 et les accords de paix sont signés en 1979, à Camp David.

Avant 1973, la région se trouve dans un statu quo durable. L’Egypte vit au rythme de l’humiliation de la défaite en 1967. La guerre d’usure de 1969-1970, ne donne pas de résultat et les Israéliens se confortent dans la position de force. Ils considèrent que la doctrine de la dissuasion est un succès et qu’elle inhibe toute volonté de la part des Arabes à initier une attaque. Mais Sadate créé la surprise. Il passe à l’offensive et met à mal la ligne de défense infranchissable de Bar Lev édifiée tout le long du canal. Il jette ses soldats dans l’eau du canal, miné sur la surface et en profondeur. Suite à sa performance durant la guerre de 1973, l’Egypte retrouve sa confiance et les perspectives du retour du Sinaï poussent le Caire à négocier la paix avec Israël.

Les mois qui précèdent la décision de guerre de Sadate en 1973, marquent une activité diplomatique intense de la part de l’Egypte afin de récupérer le Sinaï. Il y a alors des rencontres secrètes en France et à New York menées par le secrétaire d’Etat Kissinger. Ces rencontrent se terminent par un échec, et la délégation égyptienne exprime sa frustration lorsque Kissinger fait savoir que l’Egypte ne peut pas reprendre par la négociation ce qu’elle a perdu dans les champs des batailles. Sadate décide alors de déclencher la guerre. A la sortie de la guerre, Washington s’implique sur le chemin de la paix.

En 1982, Tsahal envahit le Liban. Vingt ans plus tard, c’est le Premier ministre israélien Ehud Barak qui créé la surprise et ordonne un retrait unilatéral des troupes israéliennes du Sud Liban. L’été dernier, face aux groupes armés du Hezbollah libanais, Tsahal échoue et la population israélienne subit, pour la première fois de son l’histoire, des tirs continuels de roquette. Un million d’Israéliens vivent alors de longues nuits dans les abris.

L’enlèvement de deux soldats par les combattants de Hezbollah marque une rupture avec le statu quo. Certains analystes voient dans cette sixième guerre une confrontation indirecte entre Israël et la Syrie. Du 12 juillet au 14 août l’armée israélienne vise à briser une fois pour toutes l'appareil militaire de la milice chiite du Hezbollah. Tsahal échoue dans sa mission. Il a surtout été incapable d'empêcher les tirs de roquettes du Hezbollah contre le nord de l'Etat hébreu et notamment la grande ville de Haïfa. La population israélienne vit alors un choc car en Israël, l’échec du Tsahal est de l’ordre de l’impensable.

Depuis, le Premier ministre israélien Ehud Olmert et son ministre de la Défense Amir Peretz sont mis en cause pour les ratés de cette guerre. La semaine dernière c’est le général Dan Haloutz qui démissionne. On qualifie Olmert et Peretz de "canards boiteux", en soulignant que le général Haloutz ne peut pas être le seul à payer les pots cassés. L'opinion publique estime que les responsables politiques doivent eux aussi rendre des comptes. Dan Haloutz est le plus haut responsable à avoir quitté jusqu'à présent ses fonctions à la suite des échecs des opérations menées par l'armée israélienne au Liban. Et le Premier ministre Ehud Olert risque à son tour de démissionner. Si Olmert démissionne un jour, on se rappellera de la démission de Golda Meir suite à la guerre de 1973.

Un règlement du conflit, le plus long de notre temps, ne peut intervenir que lorsque les belligérants acceptent l’idée d’un accord global sur des bases durables. L’Europe, surtout dans le contexte actuel, peut aider à trouver un terrain d’entente entre Syriens et Israéliens. C’est ce que semble prévoir le plan selon Haaretz. Les arrangements prévoient le retrait progressif d'Israël du plateau du Golan jusqu'en deçà des lignes antérieures au 4 juin 1967. Selon la Syrie, ce retrait devrait s'effectuer en cinq ans, alors qu'Israël souhaite disposer de 15 ans. Une zone tampon devrait être établie le long de la rive orientale du Lac de Tibériade ; un parc naturel qui y serait créé et s'étendrait sur les pentes du Golan, serait librement accessible aux Syriens et aux Israéliens. Toujours selon la même source, Israël conserverait le contrôle de l'usage des eaux du Jourdain et du Lac de Tibériade, deux sujets épineux pour les deux côtés. Il y aurait donc des deux côtés de la frontière une zone démilitarisée.

La Syrie s'engagerait par ailleurs à stopper son soutien au Hezbollah chiite libanais et au mouvement palestinien Hamas, tout en prenant ses distances avec l'Iran. Haaretz précise que le document dans lequel sont consignés ces arrangements n'engage pas officiellement les deux pays, et a été conclu au su des officiels du gouvernement de l'ancien Premier ministre israélien Ariel Sharon, puis au su des officiels du gouvernement de son successeur Ehud Olmert. Israël, qui se barricade, continue d’édifier le mur de séparation. Du côté palestinien, il y a aussi un plan parallèle de paix entre Palestiniens et Israéliens initié par Youssi Beilin et Yasser Abed Rabbo en octobre 2003. Les Etats-Unis vivent des difficultés majeurs en Irak et semblent loin de pouvoir accepter le dialogue avec les Syriens. Ces initiatives restent toujours dans l’ombre mais montrent que l’Europe peut réaliser la mission impossible : aboutir à une paix globale au Moyen-Orient.

Mohamed Abdel Azim*
Lyon (France)


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*Mohamed Abdel Azim est docteur en Science politique, journaliste à EuroNews il est l’auteur du livre : Israël et la bombe atomique, la face cachée de la politique américaine, Paris, l’Harmattan, 2006.

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Syrie-Israël
Written by Roger AKL on 2007-01-27 00:29:08
Ce serait idéal pour Israël. Libéré aussi à la frontière syrienne, il pourrait faire ce qu'il veut avec les Palestiniens. La seule paix juste ne peut être qu'une paix globale telle que proposée en 2002, à Beyrouth par les Arabes.
Roger AKL
europe needs to take a stroger position
Written by on 2007-01-25 21:29:36
there is a pressing need to set particular interests aside and intervene in this conflict. Palestine and Israel should both concede enough and be pressed to respect human rights

1 commentaire:

marcel a dit…

hello
rendez vous sur jewisherritage
a bientot